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Choc des savoirs : l’inégalité érigée en règle

lundi 25 novembre 2024, par CGT Éduc’action 76

La nouvelle marionnette de Grenelle vient de lancer l’acte II du Choc des savoirs. Aucune évaluation n’ a été menée sur l’acte I ; il a fait l’unanimité contre lui des syndicats et des experts en science de l’éducation, mais qu’importe : il convient de continuer sur la lancée de tri social et de déscolarisation précoce d’une partie de la jeunesse la plus défavorisée, selon un agenda économique et politique de guerre de classes. Attal le déclarait et l’assumait : le pourcentage de jeunes ayant le bac va baisser. C’est un retour à une école non plus à deux vitesses mais à deux branches, celle pour l’élite et les « méritants » et celle pour les classes populaires.
Cette prétendue réforme censée répondre aux classes « trop »hétérogènes s’est vu opposer un refus massif des personnels et des parents. Ainsi dans le 93 - département en lutte depuis de nombreuses années pour un plan d’urgence pour l’éducation et maintenant contre le choc des savoirs – seulement 8 % des collèges mettent en place intégralement les groupes de niveaux (pardon : « besoins »).
Seulement en l’absence de réel programme d’actions et de luttes de la part des directions syndicales contre cette attaque d’ampleur, sur le plan national la grande majorité des collèges ont établi des groupes de niveaux avec alignement en barrettes même si deux tiers ne respectent pas les injonctions à la lettre.
Désormais le groupe prime sur la classe, certains élèves n’ont pas le même professeur pour la même matière selon les heures ou les trimestres, le suivi des élèves en difficulté se trouve rendu beaucoup plus difficile, les équipes de vie scolaire sont surchargées et se voient pour certaines amenées à compenser le manque de professeurs principaux.
De plus, le Choc des savoirs a été imposé sans moyens supplémentaires, les directions ont été dans l’obligation de puiser dans la marge d’autonomie de la DHG, ce qui a conduit à la suppression de groupes en sciences, à la suppression des heures d’ AP ou consacrées à des dispositifs de soutien efficaces, à des nouvelles attaques sur les langues vivantes, notamment l’allemand et l’italien, et a donc provoqué des suppressions de postes et une augmentation des postes partagés sur trois établissements, voire plus. Et cibler sur les soi-disant fondamentaux, outre remettre en avant une conception rétrograde hiérarchisée des disciplines, c’est dévaloriser les matières dans lesquelles les élèves en difficulté en mathématiques et en français peuvent exploiter au mieux leur intelligence et leurs compétences. C’est ainsi leur laisser encore moins de chances de réussir au collège.
Enfin, en pointant le niveau comme critère de sélection à la participation d’un groupe ou d’un autre, c’est entériner le fait que dès la 6è les enfants n’auront pas le même enseignement à l’intérieur d’un même collège mais aussi d’un collège à l’autre selon leur degré d’application de la réforme et selon les choix de DHG. Et c’est une nouvelle fois faire porter le poids de l’échec scolaire non pas sur le système scolaire français – qui est perçu même par des institutions comme l’OCDE comme le lieu où les inégalités scolaires recouvrent le plus les inégalités sociales – mais sur les élèves et les familles. A eux donc de ne pas se retrouver dans le groupe des faibles, des « riens » pour reprendre un concept cher à la macronie, au risque de se voir fermer l’entrée au lycée (général, technique ou professionnel). Ainsi dès 2027, les recalés au Brevet n’auront qu’un choix bien maigre : un redoublement (sous condition de places disponibles) , une prépa seconde (dans la limite d’une seule classe par département) ou un CAP. Le choix est évident : il s’agit d’orienter massivement les jeunes des classes populaires vers le statut d’apprenti, véritable « chair à patrons » corvéable à merci et facilement éjectable et remplaçable.
Il est plus qu’urgent que, personnels, parents et jeunes, nous nous mobilisions pour mettre un coup d’arrêt à cette politique de classe et pour réclamer un véritable plan d’urgence pour l’éducation.

COMBATTRE LES INÉGALITÉS SCOLAIRES C’EST :

  • la suppression du Choc des savoirs
  • l’arrêt des classes surchargées : 20 élèves par classe.
  • des dédoublements non pas en groupe de niveaux mais permettant la pratique en sciences, techno, langues et l’aide dans les autres disciplines.
  • Le recrutement et la titularisation de personnels enseignants et non-enseignants à hauteur des besoins.
  • le maintien des dispositifs créés et validés par les équipes pédagogiques.
  • des moyens réels alloués aux familles et enfants en difficulté.